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son expression, & l’Accent rationel par lequel le Musicien rend avec justesse les idées du Poete ; car pour inspirer aux autres la chaleur dont nous sommes animés en leur parlant, il faut leur faire entendre ce que nous disons. L’Accent grammatical est nécessaire par la même raison ; & cette regle, pour être ici la derniere en ordre, n’est pas moins indispensable que les deux précédentes, puisque le sens des propositions & des phrases dépend absolument de celui des mots : mais le Musicien qui fait sa langue à rarement besoin de songer à cet Accent ; il ne sauroit chanter son Air sans s’appercevoir s’il parle bien ou mal, & il lui suffit de savoir qu’il doit toujours bien parler. Heureux, toutefois, quand une Mélodie flexible & coulante ne cesse jamais de se prêter à ce qu’exige la langue ! Les Musiciens François ont en particulier des secours qui rendent sur ce point leurs erreurs impardonnables, & sur-tout le traité de la Prosodie Françoise de M. l’Abbé d’Olivet, qu’ils devroient tous consulter. Ceux qui seront en état de s’élever plus haut, pourront étudier la Grammaire de Port-royal & les savantes notes du Philosophe qui l’a commentée. Alors en appuyant l’usage sur les regles, & les regles sur les principes, ils seront toujours sûrs de ce qu’ils doivent faire dans l’emploi de l’Accent grammatical de toute espece.

Quant aux deux autres sortes d’Accens, on peut moins les réduire en réglés, & la pratique en demande moins d’étude & plus de talent. On ne trouvé point de sang-froid le : langage des passions, & c’est une vérité rebattue qu’il faut être ému soi-même pour émouvoir les autres. Rien ne peut