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froid qu’il l’ étoit au commencement de la Piece, & que l’intérêt soit, pour ainsi dire, lié dans son ame comme les événemens le sont dans l’action représentée. Voilà comment le Musicien ne cessé jamais d’avoir un objet d’imitation, ou dans la situation des personnages, ou dans celle des Spectateurs. Ceux :-ci n’entendant jamais sortir de l’Orchestre que l’expression des sentimens qu’ils éprouvent s’identifient, pour ainsi dire, avec ce qu’ils entendent, & leur état est d’autant plus délicieux qu’il regne un Accord plus parfait entre ce qui frappe leurs sens & ce qui touche leur cœur.

L’habile Musicien tire encore de son Orchestre un autre avantage pour donner à la représentation tout l’effet qu’elle peut avoir, eu amenant par degrés le Spectateur oisif à la situation d’ame la plus favorable à l’effet des Scenes qu’il va voir dans l’ Acte suivant.

La durée de l’Entr’acte n’a pas de mesure fixe ; mais elle est supposée plus ou moins grande, à proportion du tems qu’exige la partie de l’action qui se passe derriere le Théâtre. Cependant cette durée doit avoir des bornes de supposition, relativement à la durée hypothétique de l’action totale, & des bornes réelles ; relatives à la durée de la représentation.

Ce n’est pas ici le lieu d’examiner si la regle des vingt-quatre heures a un fondement suffisant & s’il n’est jamais permis de l’enfreindre. Mais si l’on veut donner à la durée supposée d’un Entr’acte des bornes tirées de la nature des choses, je ne veux point qu’on en puisse trouver d’autres que