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qui descende de Tierce mineure & monte de Tierce majeure alternativement. M. Rameau nous apprend avoir fait dans ce Genre de Musique un tremblement de terre dans l’Opéra des Indes galantes ; mais qu’il fut si mal servi qu’il fut obligé de le changer en une Musique commune. (Voyez les Elémens de Musique de M. d’ Alembert, pages 91, 92, 93 & 166.)

Malgré les exemples cités & l’autorité de M. Rameau ; je crois devoir avertir les jeunes Artistes que l’Enharmonique-Diatonique & l’Enharmonique-Chromatique me paroissent tous deux à rejetter comme Genres, & je ne puis croire qu’une Musique modulée de cette maniere, même avec la plus parfaite exécution, puisse jamais rien valoir. Mes raisons sont que les passages brusques d’une idée à une autre idée extrêmement éloignée, y sont si fréquens, qu’il n’est pas possible à l’esprit de suivre ces transitions avec autant de rapidité que la Musique les présente ; que l’oreille n’a pas le tems d’appercevoir le rapport très-secret & très-composé des Modulations, ni de sous-entendre les Intervalles supposés ; qu’on ne trouvé plus dans de pareilles successions ombre de Ton ni de Mode ; qu’il est également impossible de retenir celui d’où l’on sort, ni de prévoir celui où l’on va ; & qu’au milieu de tout cela, l’on ne fait plus du tout où l’on est. L’ Enharmonique n’est qu’un passage inattendu dont l’étonnante impression se fait fortement & dure longtems ; passage que par conséquent on ne doit pas trop brusquement ni trop souvent répéter, de peur que l’idée de la Modulation ne se trouble & ne se perde entiérement : car