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de la Morale. Telle est la Chanson d’Aristote sur la mort d’Hermias son ami & son allié, laquelle fit accuser son Auteur d’impiété.

"O vertu, qui, malgré les difficultés que vous présentez aux foibles mortels, êtes l’objet charmant de leurs recherches ! Vertu pure & aimable ! ce fut toujours aux Grecs un destin digne d’envie de mourir pour vous, & de souffrir avec constance les maux les plus affreux. Telles sont les semences d’immortalité que vous répandez dans tous les cœurs. Les fruits en sont plus précieux que l’or, que l’amitié des parens, que le sommeil le plus tranquille. Pour vous le divin Hercule & les fils de Léda supporterent mille travaux, & le succès de leurs exploits annonça votre puissance. C’est par amour pour vous qu’Achille & Ajax descendirent dans l’Empire de Pluton, & c’est en vue de votre céleste beauté, que le Prince d’Atarne s’est aussi privé de la lumiere du Soleil. Prince à jamais célebre par ses actions, les filles de Mémoire chanteront sa gloire toutes les fois qu’elles chanteront le culte de Jupiter Hospitalier, & le prix d’une amitié durable & sincere."

Toutes leurs Chansons morales n’étoient pas si graves que celle-là. En voici une d’un goût différent, tirée d’Athénée.

"Le premier de tous les biens cil : la santé, le second la beauté, le troisieme les richesses amassées sans fraude, & le quatrieme la jeunesse qu’on passe avec ses amis."

Quant aux Scolies qui roulent sur l’amour & le vin, on en peut juger par les soixante & dix Odes d’Anacréon, qui