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& d’une seule voix, les louanges de la Divinité. Ainsi ces Chansons étoient de véritables Péans ou Cantiques sacrés. Les Dieux n’étoient point pour eux des trouble-fêtes ; & ils ne dédaignoient pas de les admettre dans le plaisirs.

Dans la suite les Convives chantoient successivement, chacun à ton tour, tenant une branche de Myrthe, qui passoit de la main de celui qui venoit de chanter, à celui qui chantoit après lui. Enfin quand la Musique se perfectionna dans la Grece, & qu’on employa la Lyre dans les festins, il n’y eût plus, disent les Auteurs déjà cités, que les habiles gens qui fussent en état de chanter à table du moins en s’accompagnant de la Lyre. Les autres, contraints de s’en tenir la branche de Myrthe, donnerent lieu à un proverbe Grec, par lequel on disoit qu’un homme chantoit au Myrthe, quand on vouloit le taxer d’ignorance.

Ces Chansons accompagnées de la Lyre, & dont Terpandre fut l’inventeur, s’appellent Scolies, mot qui signifie oblique ou tortueux, pour marquer, selon Plutarque ; la difficulté de la Chanson ; ou comme le veut Artémon la situation irréguliere de ceux qui chantoient : car, comme il faloit être, habile pour chanter ainsi, chacun ne chantoit à son rang ; mais seulement ceux qui savoient la Musique, lesquels se trouvoient dispersés çà & là, & placés obliquement l’un par rapport à l’autre.

Les Sujets des Scolies se tiroient non-seulement de l’amour & du vin, ou du plaisir en général, comme aujour-d’hui ; mais encore de l’Histoire, de la Guerre, & même