Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/140

Cette page n’a pas encore été corrigée

tant obligé d’expliquer ceux de ces mêmes mots qu’on emploie dans la Musique notée ; parce qu’en exécutant cette Musique, il convient d’entendre les termes qui s’y trouvé & que l’Auteur n’y a pas mis pour rien.

CENTONISER, v. n. Terme de Plain-Chant. C’est composer un Chant de traits recueillis & arrangés pour la Mélodie qu’on a en vue. Cette maniere de composer n’est pas de l’invention des Symphoniastes modernes ; puisque, selon l’Abbé Le Beuf, Saint Grégoire lui-même à Centonisé.

CHACONNE, s. f. Sorte de Piece de Musique faite pour la Danse, dont la Mesure est bien marquée & le Mouvement modéré. Autrefois il y avoit des Chaconnes à deux tems & à trois ; mais on n’en fait plus qu’à trois. Ce sont, pour l’ordinaire, des Chants qu’on appelle Couplets, composés & variés en diverses manieres, sur une Basse-contrainte, de quatre en quatre Mesures, commençant presque toujours par le second tems pour prévenir l’interruption. On s’est affranchi peu-à-peu de cette contrainte de la Basse, & l’on n’y a presque plus aucun égard.

La beauté de la Chaconne consiste à trouver des Chants qui marquent bien le Mouvement, & comme elle est souvent fort longue, à varier tellement les Couplets qu’ils contrastent bien ensemble, & qu’ils réveillent sans cessé l’attention de l’auditeur. Pour cela, on passe & repasse à volonté du Majeur au Mineur, sans quitter pourtant beaucoup le Ton principal, & du grave au gai, ou du tendre au vis, sans presser ni ralentir jamais la Mesure.

La Chaconne est née en Italie, & elle y étoit autrefois