Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t8.djvu/546

Cette page n’a pas encore été corrigée

vers, jugera que le second hémistiche est à contre-sens ; la voix doit s’élever sur ma vengeance, & retomber doucement sur vaine.

Mon bras tremblant se refuse a ma haine.

Mauvaise cadence parfaite ! d’autant plus qu’elle est accompagnée d’un trille.

Ah ! quelle cruauté de lui ravir le jour !

Faites déclamer ce vers à Mlle. Dumesnil, & vous trouverez que le mot cruauté sera le plus eleve, & que la voix ira toujours en baissant-jusqu’à la fin du vers : mais, le moyen de ne pas faire poindre le jour ! je reconnois là le Musicien.

Je passe, pour abréger, le reste de cette scene, qui n’a plus rien d’intéressant ni de remarquable, que les contre-sens ordinaires & des trilles continuels, & je finis par le vers qui la termine.

Que, s’il se peut, je le haisse.

Cette parenthèse, s’il se peut, me semble une épreuve suffisante du talent du Musicien ; quand on la trouve sur le même ton, sur les mêmes notes que je le haisse, il est bien difficile de ne pas sentir combien Lully etoit peu capable de mettre de la Musique sur les paroles du grand homme qu’il tenoit à ses gages.

À l’égard du petit air de guinguette qui est à la fin de ce monologue, je veux bien consentir à n’en rien dire, & s’il y a quelques amateurs de la Musique Françoise, qui connoissent la scene Italienne qu’on a mise en parallele avec celle-ci, & sur-tout l’air impétueux, pathétique & tragique