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regard, & la pratique en est la chose du monde la plus aisée. Avec une seule ligne vous modulez dans l’étendue de trois octaves, & s’il se trouvoit que vous voulussiez passer encore au-delà, ce qui n’arrivera gueres dans une Musique sage, vous avez toujours la liberté d’ajouter des lignes accidentelles en haut & en bas, comme dans la Musique ordinaire, avec la différence que dans celle-ci il faut onze lignes pour trois octaves, tandis qu’il n’en faut qu’une dans la mienne, & que je puis exprimer l’étendue de cinq, six, & près de sept octaves, c’est-a-dire, beaucoup plus que n’à d’étendue le grand clavier, avec trois lignes seulement.

Il ne faut pas confondre la position, telle que ma méthode l’adopte, avec celle qui se pratique dans la Musique ordinaire : les principes en sont tout différens. La Musique ordinaire n’à en vue que de vous indiquer des intervalles & de disposer en quelque façon vos organes par l’aspect du plus grand ou éloignement des notes, sans s’embarrasser de distinguer assez bien le genre de ces intervalles, ni le degré de cet éloignement, pour en rendre la connoissance indépendante de l’habitude. Au contraire, la connoissance des intervalles qui fait proprement le fond de la science du Musicien m’à paru un point si important, que j’ai cru en devoir faire l’objet essentiel de ma méthode. L’explication suivante montre comment on parvient par mes caracteres à déterminer tous les intervalles possibles par leurs genres & par leurs noms, sans autre peine que celle de lire une fois ces remarques.

Nous distinguons d’abord les intervalles en directs & renverses & les uns & les autres encore en simples et redoublés.