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exemplaires pour mes amis. J’ai traite avec lui pour la Gravure du Devin du Village, sur le pied de cinq cents francs, moitié en Livres & moitié en argent, qu’il s’obligea de me payer à plusieurs fois & en certains termes, il ne tint parole à aucun & j’ai été oblige de courir long-tems après mes deux cents cinquante livres.

Par rapport à mon Libraire de Hollande, je l’ai trouve en toutes choses exact, attentif, honnête ; je lui demandai vingt-cinq louis de mon discours sur l’inégalité, il me les donna sur-le-champ, & il envoya de plus une robe à ma gouvernante. Je lui ai demande trente louis de ma lettre à M. d’Alembert, & il me les donna sur-le-champ ; il n’a fait à cette occasion aucun présent ni à moi, ni à ma gouvernante, *

[*Depuis lors il lui a fait une pension viagere de trois cents livres, & je me fais un sensible plaisir de rendre publie un acte aussi rare de reconnoissance & de générosité.] & il ne les devoit pas ; mais il m’a fait un plaisir que je n’ai jamais reçu de M. Pissot, en me déclarant de bon cœur qu’il faisoit bien ses affaires avec moi. Voilà mon ami, les faits dans leur exactitude. Si quelqu’un vous dit quelque chose de contraire à cela, il ne dit pas vrai.

Si ceux qui m’accusent de manquer de désintéressement ; entendent par-la, que je ne me verrois pas ôter avec plaisir le peu que je gagne pour vivre, ils ont raison ; & il est clair, qu’il n’y a pour moi d’autre moyen de leur paroître désintéressé que de me laisser mourir de faim. S’ils entendent que toutes ressources me sont également bonnes, & que pourvu que l’argent vienne, je m’embarrasse peu comment il vient ;