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aspire à l’obtenir moi-même. C’est alors que furent composes les Vers & la plupart des autres Ecrits qui sont sortis de ma plume, & entr’autres cette petite Comédie. Il y auroit peut-être de la dureté à me reprocher aujourd-d’hui ces amusemens de ma jeunesse, & on auroit tort au moins de m’accuser d’avoir contredit en cela des principes qui n’etoient pas encore les miens. Il y a longtems que je ne mets plus à toutes ces choses aucune espece de prétention ; & hazarder de les donner au Public dans ces circonstances, après avoir eu la prudence de les garder si long-tems, c’est dire assez que je dédaigne également la louange & le blâme qui peuvent leur être dus ; car je n`pense plus comme l’Auteur dont ils sont l’ouvrage. Ce sont des enfans illégitimes que l’on caresse encore avec plaisir en rougissant d’en être le pere, à qui l’on fait ses derniers adieux, & qu’on envoie chercher fortune, sans beaucoup s’embarrasser de ce qu’ils deviendront.

Mais c’est trop raisonner d’après des suppositions chimériques. Si l’on m’accuse sans raison de cultiver les Lettres que je méprise, je m’en défends sans nécessité ; car quand le fait seroit vrai, il n’y auroit en cela aucune inconséquence : c’est ce qui me reste à prouver.

Je suivrai pour cela, selon ma coutume, la méthode simple & facile qui convient à la vérité. J’établirai de