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Rien n’est plus chéri de la gloire
Qu’un grand cœur guide par l’amour.


Apollon.


Quoi ! mes divins lauriers d’un enfant téméraire
Ceindroient le front audacieux ?
L’AMOUR.
Tu méprises l’Amour, éprouve sa colere.
Aux pieds d’une beauté sévère
Va former d’inutiles vœux.
Qu’un exemple éclatant montre aux cœurs amoureux
Que de moi seul dépend le don de plaire ;
Que les talens, l’esprit, l’ardeur sincere,
Ne sont point les amans heureux.


Apollon.


Ciel ! quel objet charmant se retrace à mon ame !
Quelle soudaine flamme
Il inspire à mes sens !
C’est ton pouvoir, Amour, que je ressens :
Du moins à mes soupirs naissans
Daigne rendre Daphne sensible.
L’AMOUR.
Je te rendrois heureux ; je pretends te punir.


Apollon.


Quoi ! toujours soupirer sans pouvoir la fléchir ?
Cruel ! que ma peine est terrible ! Il s’en va.