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ſoi-même & ſans guide les plantes qu’on n’a jamais vues ; c’eſt alors qu’on ſe trouve arrêté tout court, & qu’on eſt au bout de ſa doctrine. Je ſuis reſté plus ignorant encore en prenant la route contraire. Toujours ſeul & ſans autre maître que la nature, j’ai mis des efforts incroyables à de très-foibles progrès. Je ſuis parvenu à pouvoir en bien travaillant, déterminer à-peu-près les genres ; mais pour les eſpeces, dont les différences ſont ſouvent très-peu marquées par la nature, & plus mal énoncées par les auteurs, je n’ai pu parvenir à en diſtinguer avec certitude qu’un très-petit nombre, ſur-tout dans la famille des Mouſſes, & ſur-tout dans les genres difficiles, tels que les Hypnum, les Jungermannia, les Lichens. Je crois pourtant être sûr de celles que je vous envoye, à une ou deux près que j’ai déſignées par un point interrogant, afin que vous puiſſiez vérifier dans Vaillant & dans Dillenius, ſi je me ſuis trompé ou non. Quoi qu’il en ſoit, je crois qu’il faut commencer à connoître empyriquement un certain nombre d’eſpeces pour parvenir à déterminer les autres, & je crois que celles que je vous envoye peuvent ſuffire, en les étudiant bien, à vous, familiariſer avec la famille, & à en diſtinguer au moins les genres au premier coup-d’œil par le facies propre à chacun d’eux. Mais il y a une autre difficulté ; c’eſt que les Mouſſes ainſi diſpoſées par brins n’ont point ſur le papier le même coup-d’œil qu’elles ont ſur la terre raſſemblées par touffes ou gazons ferrés. Ainſi l’on herboriſe inutilement dans un Herbier & ſur-tout dans un Mouſſier, ſi l’on n’a commencé par herboriſer ſur la terre. Ces ſortes de recueils doivent ſervir ſeulement de mémoratifs, mais non pas d’inſtruction pre-