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LETTRE III.

Du 16 Mai 1772.

JE ſuppoſe, chere Couſine, que vous avez bien reçu ma précédente réponſe, quoique vous ne m’en parliez point dans votre ſeconde Lettre. Répondant maintenant à celle-ci, j’eſpere ſur ce que vous m’y marquez, que la maman bien rétablie eſt partie en bon etat pour la Suiſſe, & je compte que vous n’oublierez pas de me donner avis de l’effet de ce voyage & des eaux qu’elle va prendre. Comme tante Julie a dû partir avec elle, j’ai chargé M. G. qui retourne au Val-de-Travers, du petit herbier qui lui eſt deſtiné, & je l’ai mis à votre adreſſe afin qu’en ſon abſence vous puiſſiez le recevoir & vous en ſervir ; ſi tant eſt que parmi ces échantillons informes il ſe trouve quelque choſe à votre uſage. Au reſte, je n’accorde pas que vous ayez des droits ſur ce chiffon. Vous en avez ſur celui qui l’a fait, les plus forts & les plus chers que je connoiſſe ; mais pour l’herbier, il fut promis à votre ſœur, lorſqu’elle herboriſoit avec moi dans nos promenades à la croix de Vague, & que vois ne ſongiez à rien moins dans celles ou mon cœur & mes pieds vous ſuivoient avec grand-Maman en Vaiſe. Je rougis de lui avoir tenu parole ſi tard & ſi mal ; mais enfin elle avoit ſur vous à cet égard ma parole, & l’antériorité. Pour vous, chere Couſine, ſi je ne vous promets pas un herbier de ma main, c’eſt pour vous