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mais qu’il n’y a qu’un seul réceptacle en forme de diſque que les reçoit toutes, & qu’il n’y a qu’un seul grand calice qui les environne ; d’où je conclus que la Fleur eſt compoſée, puiſque deux parties de la fructification, ſavoir, le calice & le réceptacle, ſont communes à toutes & manquent à chacun en particulier.

Je prends ensuite une Fleur de Scabieuſe ou je diſtingue auſſi plusieurs fleurettes ; je l’examine de même, & je trouve que chacune d’elles eſt pourvue en ſon particulier de toutes les parties de la fructification, ſans en excepter le calice & même le réceptacle, puiſqu’on peut regarder comme tel le ſecond calice qui ſert de baſe à la ſemence. Je conclus donc que la Scabieuſe n’eſt point une Fleur compoſée, quoiqu’elle raſſemble comme elles pluſieurs fleurettes ſur un même diſque & dans un même calice.

Comme ceci pourtant eſt ſujet à diſpute, ſur-tout à cause du réceptacle, on tire des fleurettes même un caractere plus ſûr, qui convient à toutes celles qui conſtituent proprement une Fleur compoſée & qui ne convient qu’à elles ; c’eſt d’avoir cinq étamines réunies en tube ou cylindre par leurs anthères autour du ſtyle & diviſées par leurs cinq filets au bas de la corolle ; toute Fleur dont les fleurettes ont leurs anthères ainſi diſpoſées, eſt donc une Fleur compoſée, & toute Fleur ou l’on ne voit aucune fleurette de cette eſpece n’eſt point une Fleur compoſée, & ne porte même au ſingulier qu’improprement le nom de Fleur, puisqu’elle eſt réellement une agrégation de pluſieurs Fleurs.

Ces fleurettes partielles qui ont ainſi leurs anthères réunies,