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publique à la gloire d’une nouvelle refonte que ſembloit demander la méthode des familles naturelles dont ſon illustre oncle eſt l’auteur. Ce n’eſt pas que cette nomenclature Linnéene n’ait encore ſes défauts & ne laiſſe de grandes priſes à la critique ; mais en attendant qu’on en trouve une plus parfaite à qui rien ne manque, il vaut cent fois mieux adopter celle-là que de n’en avoir aucune, ou de retomber dans les phraſes de Tournefort & de Gaſpard Bauhin. J’ai même peine à croire qu’une meilleure nomenclature pût avoir déſormais aſſez de ſuccès pour proſcrire celle-ci, à laquelle les Botaniſtes de l’Europe ſont déjà tout accoutumés, & c’eſt par la double chaîne de l’habitude & de la commodité qu’ils y renonceroient avec plus de peine encore qu’ils n’en eurent à l’adopter. Il faudroit, pour opérer ce changement, un auteur dont le crédit effaçât celui de M. Linnæus, & à l’autorité duquel l’Europe entiere voulût ſe ſoumettre une ſeconde fois, ce qui me paroît difficile à eſpérer. Car ſi ſon ſystême, quelque excellent qu’il puiſſe être, n’est adopté que par une ſeule nation, il jettera la Botanique dans un nouveau labyrinthe, & nuira plus qu’il ne ſervira.

La travail même de M. Linnæus, bien qu’immenſe, reſte encore imparfait, tant qu’il ne comprend pas toutes les plantes connues, & tant qu’il n’eſt pas adopté par tous les Botaniſtes ſans exception : car les livres de