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Mais est-il des mûrs que ne perce quelque rayon d’une beauté digne de briller aux yeux & d’enflammer les cœurs ? Amour ! le souffrirois-tu ? Non, tu l’as révélée aux jeunes desirs d’un adolescent. Amour ! qui, tantôt argus & tantôt aveugle, éclaires les yeux de ton flambeau ou les voiles de ton bandeau, malgré tous les gardiens, toutes les clôtures, jusques dans les plus chastes asyles, tu sçus porter un regard étranger.

Elle s’appelle Sophronie, Olinde est le nom du jeune homme, tous deux ont la même patrie & la même soi. Comme il est modeste autant qu’elle est belle, il desire beaucoup, espere peu, ne demande rien & ne sait ou n’ose se découvrir. Elle, de son côté, ne le voit pas, ou n’y pense pas, ou le dédaigne, & le malheureux perd ainsi ses soins ignorés, mal connus, ou mal reçus.

Cependant on entend l’horrible proclamation & le moment du massacre approche. Sophronie, aussi généreuse qu’honnête forme le projet de sauver son peuple. Si sa modestie l’arrête, son courage l’anime &. triomphe, ou plutôt ces deux vertus s’accordent & s’illustrent mutuellement.