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de la Police, du Prétoire, & d’autres emplois dus à la vertu, dans lesquels il montra d’abord ſa cruauté, puis ſon avarice & tous les crimes d’un méchant homme. Non content de corrompre Néron & de l’exciter à mille forfaits, il oſoit même en commettre à ſon inſu, & finit par l’abandonner & le trahir. Auſſi nulle punition ne fut-elle plus ardemment pourſuivie, mais par divers motifs, de ceux qui déteſtoient Néron & de ceux qui le regrettoient ? Il avoit été protégé près de Galba par Vinius dont il avoit ſauvé la fille, moins par pitié, lui qui commit tant d’autres meurtres. que pour s’étayer du pere au beſoin. Car les ſcélérats, toujours en crainte des révolutions, se ménagent de loin des amis particuliers qui puiſſent les garantir de la haine publique, & ſans s’abſtenir du crime, s’assurent ainsi de l’impunité. Mais cette reſſource ne rendit Tigellinus que plus odieux, en ajoutant à l’ancienne averſion qu’on avoit pour lui celle que Vinius venoit de s’attirer. On accouroit de tous les quartiers dans la place & dans le Palais : le cirque ſur-tout & les théâtres, lieux où la licence du Peuple eſt plus grande, retentiſſoient de clameurs ſéditieuses. Enfin Tigellinus ayant reçu aux eaux de Sinueſſe l’ordre de mourir, après de honteux délais cherchés dans les bras des femmes, ſe coupa la gorge avec un rasoir, terminant ainſi une vie infâme par une mort tardive & déshonnête.

Dans ce même tems on ſollicitoit la punition de Galvia Criſpinilla ; mais elle ſe tira d’affaire à force de défaites & par une connivence qui ne fit pas honneur au Prince. Elle