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& prodigues pas avarice, venoient, faute d’autres biens, offrir leur paye, leur équipage, & juſqu’aux ornemens d’argent dont leurs armes étoient garnies.

Vitellius, ayant remercié les troupes de leur zele, commit aux Chevaliers Romains le ſervice auprès du Prince que les affranchis faiſoient auparavant. Il acquitta du fiſc les droits dus aux Centurions par les Manipulaires. Il abandonna beaucoup de gens à la fureur des ſoldats, & en ſauva quelques-uns en feignant de les envoyer en prison. Propinquus Intendant de la Belgique, fut tué sur-le-champ : mais Vitellius fut adroitement ſouſtraire aux Troupes irritées Julius Burdo Commandant de l’armée navale, taxé d’avoir intenté des accuſations & enſuite tendu des pieges à Fonteius Capiton. Capiton étoit regretté, & parmi ces furieux on pouvoit tuer impunément, mais non pas épargner ſans ruſe. Burdo fut donc mis en priſon, & relâché bientôt après la victoire quand les Soldats furent appaiſés. Quant au Centurion Criſpinus qui s’étoit ſouillé du ſang de Capiton, & dont le crime n’étoit pas équivoque à leurs yeux ni la perſonne regrettable à ceux de Vitellius, il fut livré pour victime à leur vengeance. Julius Civilis, puissant chez les Bataves, échappa au péril par la crainte qu’on eut que ſon ſupplice n’aliénât un peuple ſi féroce ; d’autant plus qu’il y avoir dans Langres huit cohortes Bataves auxiliaires de la quatorzieme Légion, leſquelles s’en étoient ſéparées par l’eſprit de diſcorde qui régnoit en ce tems-là, & qui pouvoient produire un grand effet en ſe déclarant pour ou contre. Les Centurions Nonius, Donatius, Romilius, Calpurnius dont nous avons parlé,