de les finir ; & Platon, après avoir perdu son éloquence, son honneur & son tems à la cour d’un Tyran, fut contraint d’abandonner à un autre la gloire de délivrer Syracuse du joug de la tyrannie. Le Philosophe peut donner à l’Univers quelques instructions salutaires ; mais ses leçons ne corrigeront jamais ni les Grands qui les méprisent, ni le Peuple qui ne les entend point. Les hommes ne se gouvernent pas ainsi par des vues abstraites ; on ne les rend heureux qu’en les contraignant l’être, & il faut leur faire éprouver le bonheur pour le leur faire aimer : voilà l’occupation & les talens du Héros ; c’est souvent la force à la main qu’il se met en état de recevoir les bénédictions des hommes qu’il contraint d’abord à porter le joug des loix pour les soumettre enfin j’autorité de la raison.
L’Héroïsme est donc, de toutes les qualités de l’ame, celle dont il importe le plus aux peuples que ceux qui les gouvernent soient revêtus. C’est la collection d’un grand nombre de vertus sublimes, rares dans leur assemblage, plus rares dans leur énergie, & d’autant plus rares encore que l’Héroïsme qu’elles constituent, détaché de tout intérêt personnel, n’a pour objet que la félicite des autres & pour prix que leur admiration.
Je n’ai rien, dit ici de la gloire légitimement due aux grandes actions ; je n’ai point parlé de la force de génie ni des autres qualités personnelles nécessaires au Héros, & qui, sans être vertus, servent souvent plus qu’elles au succès des grandes entreprises. Pour placer le vrai Héros a son rang, je n’ai eu recours qu’à ce principe incontestable : que c’est