Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/609

Cette page n’a pas encore été corrigée

Nous avons été jadis, Jeunes, vaillans, & hardis.

Suivoit celle des hommes qui chantoient à leur tour, en frappant de leurs armes en cadence.

Nous le sommes maintenant, À l’épreuve à tout venant.

Ensuite venoient les enfans qui leur repondoient en chantant de toute leur force.

Et nous bientôt le serons, Qui tous vous surpasserons.

Voila, Monsieur, les Spectacles qu’il faut à des Républiques. Quant à celui dont votre article Geneve m’a force de traiter dans cet essai, si jamais l’intérêt particulier vient à bout de l’établir dans nos murs, j’en prévois les tristes effets ; j’en ai montre quelques-uns, j’en pourrois montrer davantage ; mais c’est trop craindre un malheur imaginaire que la vigilance de nos Magistrats saura prévenir. Je ne pretends point instruire des hommes plus sages que moi. Il me suffit d’en avoir dit assez pour consoler la jeunesse de mon pays d’être privée d’un amusement qui coûteroit si cher à la patrie. J’exhorte cette heureuse jeunesse à profiter de l’avis qui termine votre article. Puisse-t-elle connoître & mériter son sort ! Puisse-t-elle sentir toujours combien le solide bonheur est préférable aux vains plaisirs qui le détruisent ! Puisse-t-elle transmettre à ses descendans les vertus, la liberté, la paix qu’elle tient de ses peres ! C’est le dernier vœu par lequel je finis mes ecrits, c’est celui par lequel finira ma vie.