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commode & honorable, destinée aux gens âgés de l’un & de l’autre sexe, qui ayant déjà donne des citoyens à la patrie, verroient encore leurs petits enfans se préparer à le devenir. Je voudrois que nul n’entrât ni ne sortit sans saleur ce parquet, & que tous les couples de jeunes-gens vinssent, avant de commencer leur danse & après l’avoir finie, y faire une profonde révérence, pour s’accoutumer de bonne heure à respecter la vieillesse. Je ne doute pas que cette agréable réunion des deux termes de la vie humaine ne donnât à cette assemblée un certain coup-d’œil attendrissant, & qu’on ne vit quelquefois couler dans le parquet des larmes de joie & de souvenir, capables, peut-être, d’en arracher. à un spectateur sensible. Je voudrois que tous les ans, au dernier bal, la jeune personne qui, durant les précédens, se seroit comportée le plus honnêtement, le plus modestement, & auroit plû davantage à tout le monde au jugement du Parquet, fût honorée d’une couronne par la main du Seigneur-Commis, *

[*Voyez la note précédente.] & du titre de Reine du bal qu’elle porteroit toute l’année. Je voudrois qu’a la clôture de la même assemblée on la reconduisît en cortege, que le pere & la mere fussent félicités & remerciés d’avoir une fille si bien née & de l’élever si bien. Enfin je voudrois que, si elle venoit à se marier dans le cours de l’an, la Seigneurie lui fit un présent, ou lui accordât quelque distinction publique, afin que cet honneur fut une chose assez sérieuse pour ne pouvoir jamais devenir un sujet de plaisanterie.

Il est vrai qu’on auroit souvent à craindre un peu de partialité,