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Il en est de ceci comme des impôts sur le bled, sur le vin, sur le vin, sur le sel, sur toute chose nécessaire à la vie, qui ont un air de justice au premier coup-d’œil, & sont au fond très-iniques : car le pauvre qui ne peut dépenser que pour son nécessaire est force de jetter les trois quarts de ce qu’il dépense en impôts, tandis, que ce même nécessaire n’étant que la moindre partie de la dépense du riche l’impôt lui est presque insensible.*

[*Voila pourquoi les imposteurs de Bodin & autres fripons publics établissent toujours leurs monopoles sur les choses nécessaires à la vie, afin d’affamer doucement le peuple, sans que le riche en murmure. Si le moindre objet de luxe ou de faste étoit attaque, tout seroit perdu ; mais, pourvu que les grands soient contens, qu’importe que le peuple vive ?] De cette maniere, celui qui à peu paye beaucoup & celui qui à beaucoup paye peu ; je ne vois pas quelle grande justice on trouve à cela.

On me demandera qui force le pauvre d’aller aux Spectacles ? Je répondrai, premiérement, ceux qui les établissent & lui en donnent la tentation ; en second lieu, sa pauvreté même qui, le condamnant à des travaux continuels, sans espoir de les voir finir, lui rend quelque délassement plus nécessaire pour les supporter. Il ne se tient point malheureux de travailler sans relâché, quand tout le monde en fait de même ; mais n’est-il pas cruel à celui qui travaille de se priver des récréations