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qu’on auroit pu regarder comme la peine capitale décernée par la Cour-d’honneur ; que toutes ces peines eussent eu par le concours de l’autorité suprême les mêmes effets qu’a naturellement le jugement public quand la force n’annulle point ses décisions ; que le Tribunal n’eut point statue sur des bagatelles, mais qu’il n’eut jamais rien fait à demi ; que le Roi même y eut été cite, quand il jetta sa canne par la fenêtre, de peur :, dit-il, de frapper un Gentilhomme ;*

[* M. de Lauzun, Voila, selon moi, des coups de canne bien noblement appliques.] qu’il eut comparu en accuse avec sa partie ; qu’il eut juge solemnellement, condamne à faire réparation au Gentilhomme, pour l’affront indirect qu’il lui avoit fait ;& que le Tribunal lui eut en même tems décerne un prix d’honneur, pour la. modération du Monarque dans la colère. Ce prix, qui devoit être un signe très simple :, mais visible, porte par le Roi durant toute sa vie, lui eut été, ce me semble, un ornement plus honorable que ceux de la royauté, & je ne doute pas qu’il ne fut devenu le sujet des chants de plus d’un Poete. Il est certain que, quant à l’honneur, les Rois eux-mêmes sont fournis plus que personne au jugement du public, & peuvent, par conséquent, sans s’abaisser, comparoître au Tribunal qui le représente. Louis XIV étoit digne de faire de ces choses-là, & je crois qu’il les eut faites, si quelqu’un les lui eut suggérées.

Avec toutes ces précautions & d’autres semblables y il est sort douteux qu’on eut réussi : parce qu’une pareille institution est entièrement contraire à l’esprit de.la Monarchie ; mais