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toute la terre, hors les grandes villes, une tête, des cheveu & des cheveux blancs n’impriment-ils pas toujours du respect ? On me dira qu’a Paris les vieillards contribuent à se rendre méprisables, en renonçant au maintien qui leur convient, pour prendre indécemment la parure & les manieres de la jeunesse, & que faisant les galans à son exemple, il est très-simple qu’on la leur préféré dans son métier : mais c’est tout au contraire pour n’avoir nul autre moyen de se faire supporter, qu’ils sont contraints de recourir à celui-là à, & ils aiment encore mieux être soufferts à la faveur de leurs ridicules, que de ne l’être point du tout. Ce n’est pas assurément qu’en faisant les agréables ils le deviennent en effet, & qu’un galant sexagénaire soit un personnage fort gracieux ; mais son indécence même lui tourne à profit ; c’est un triomphe de plus pour une femme, qui, traînant à son char un Nestor, croit montrer que les glaces de l’âge ne garantissent point des feux qu’elle inspire. Voilà pourquoi les femmes encouragent de leur mieux ces Doyens de Cithere, & ont la malice de traiter d’hommes charmans, de vieux sous qu’elles trouveroient moins aimables s’ils étoient moins extravagans. Mais revenons à mon sujet.

Ces effets ne sont pas les seuls que produit l’intérêt de la Scene uniquement fonde sur l’amour. On lui en attribue beaucoup d’autres plus graves & plus importans, dont je n’examine point ici la réalité, mais qui ont été souvent & sortement allégués par les Ecrivains ecclésiastiques. Les dangers que peut produire le tableau d’une passion contagieuse sont, leur a-t-on répondu, prévenus par la maniere de le