parce que les hommes sont encore enfants. Voilà pourquoi les mysteres entassés ne coûtent plus rien à personne ; les termes en sont tout aussi faciles à prononcer que d’autres. Une des commodités du Christianisme moderne, est de s’être fait un certain jargon de mots sans idées, avec lesquels on satisfait à tout hors à la raison.
Par l’examen de l’intelligence, qui mene à la connoissance de Dieu, je trouve qu’il n’est pas raisonnable de croire cette connoissance toujours nécessaire au salut.*
[*Emile, Tome I. pag. 454 in 4. & T. II. pag. 301 in 8. & in 12] Je cite en exemple les insensés, les enfants, & je mets dans la même classe les hommes dont l’esprit n’a pas acquis assez de lumieres pour comprendre l’existence de Dieu. Vous dites là-dessus : Ne soyons point surpris que l’Auteur d’Emile remette à un tems si reculé la connoissance de l’existance de Dieu ; il ne la croit pas nécessaire au salut. *
[*Mandement, XI.] Vous commencez, pour rendre ma proposition plus dure, par supprimer charitablement le mot toujours, qui non-seulement la modifie, mais qui lui donne un autre sens, puisque selon ma phrase cette connoissance est ordinairement nécessaire au salut, & qu’elle ne le seroit jamais, selon la phrase que vous me prêtez. Après cette petite falsification, vous poursuivez ainsi :
"Il est clair, "dit-il par l’organe d’un personnage chimérique," il est clair que tel homme parvenu jusqu’à la vieillesse sans croire en Dieu, ne sera pas pour cela privé de sa présence dans l’autre, "(vous avez omis le mot de vie)"