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Je conviens qu’il est superflu de chercher de nouveaux plans d’Education, quand on est si content de celle qui existe : mais convenez aussi, Monseigneur, qu’en ceci vous n’êtes pas difficile. Si vous eussiez été aussi coulant en matiere de doctrine, votre Diocese eût été agité de moins de troubles ; l’orage que vous avez excité, ne fût point retombé sur les Jésuites ; je n’en aurois point été écrasé par compagnie ; vous fussiez resté plus tranquille, & moi aussi.

Vous avouez que pour réformer le monde autant que le permettent la foiblesse, & selon vous, la corruption de notre nature, il suffiroit d’observer sous la direction & l’impression de la grace les premiers rayons de la raison humaine, de les saisir avec soin ; & de les diriger vers la route qui conduit à la vérité. Par là, continuez-vous, ces esprits, encore exempts de préjugés seroient pour toujours en garde contre l’erreur ; ces cœurs exempts des grandes passions prendroient les impressions de toutes les vertus.*

[*Mandement, III] Nous sommes donc d’accord sur ce point, car je n’ai pas dit autre chose. Je n’ai pas ajouté, j’en conviens, qu’il fallût faire élever les enfants par des Prêtres ; même je ne pensois pas que cela fût nécessaire pour en faire des Citoyens & des hommes ; & cette erreur, si c’en est une, commune à tant de Catholiques, n’est pas un si grand crime à un Protestant. Je n’examine pas si dans votre pays les Prêtres eux-mêmes passent pour de si bons Citoyens ;mais comme l’éducation de la génération présente est leur ouvrage, c’est entre vous d’un côté, & vos anciens Mandemens de l’autre, qu’il faut