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NEUVIEME LETTRE.


J’ai cru, Monsieur, qu’il valoit mieux établir directement ce que j’avois à dire, que de m’attacher à de longues réfutations. Entreprendre un examen suivi des Lettres écrites de la Campagne, seroit s’embarquer dans une mer de sophismes. Les saisir, les exposer, seroit, selon moi, les réfuter ; mais ils nagent dans un tel flux de doctrine, ils en sont si fort inondés, qu’on se noie en voulant les mettre à sec.

Toutefois en achevant mon travail, je ne puis me dispenser de jetter un coup-d’œil sur celui de cet Auteur. Sans analyser les subtilités politiques dont il vous leurre, je me contenterai d’en examiner les principes, & de vous montrer dans quelques exemples le vice de ses raisonnemens.

Vous en avez vu ci-devant l’inconséquence par rapport à moi : par rapport à votre République, ils sont plus captieux quelquefois, & ne sont jamais plus solides. Le seul & véritable objet de ces Lettres est d’établir le prétendu droit négatif dans la plénitude que lui donnent les usurpations du Conseil. C’est à ce but que tout se rapporte ; soit directement, par un enchaînement nécessaire ; soit indirectement, par un tour d’adresse, en donnant le change au Public sur le fond de la question.

Les imputations qui me regardent, sont dans le premier cas. Le Conseil m’a jugé contre la Loi : des Représentations s’élevent. Pour établir le droit négatif, il faut écon-