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de vos droits, ils vous ont dispensés de les défendre vous-mêmes. Eh ! dans la misère des choses humaines, quel bien vaut la peine d’être acheté du sang de nos frères ? La liberté même est trop chere à ce prix.

Les Médiateurs ont pu se tromper, ils étoient hommes ; mais ils n’ont point voulu vous tromper ; ils ont voulu être justes. Cela se voit, même cela se prouve ; & tout montre, en effet, que ce qui est équivoque ou défectueux dans leur ouvrage, vient souvent de nécessité, quelquefois d’erreur, jamais de mauvaise volonté. Ils avoient à concilier des choses presque incompatibles, les droits du Peuple & les prétentions du Conseil, l’empire des Loix & la puissance des hommes, l’indépendance de l’Etat & la garantie du Règlement. Tout cela ne pouvoit se faire sans un peu de contradiction, & c’est de cette contradiction que votre Magistrat tire avantage, en tournant tout en sa faveur, & faisant servir la moitié de vos Loix à violer l’autre.

Il est clair d’abord que le Règlement lui-même n’est point une Loi que les Médiateurs aient voulu imposer à la République, mais seulement un accord qu’ils ont établi entre ses membres, & qu’ils n’ont par conséquent porté nulle atteinte à sa souveraineté. Cela est clair, dis-je, par l’Article XLIV, qui laisse au Conseil général légitimement assemblé le droit de faire aux articles du Règlement tel changement qu’il lui plaît. Ainsi les Médiateurs ne mettent point leur volonté au-dessus de la sienne ; ils n’interviennent qu’en cas de division. C’est le sens de l’Article XV.

Mais de-là résulte aussi la nullité des réserves & limitations