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HUITIEME LETTRE.


J’ai tiré, Monsieur, l’examen de votre Gouvernement présent du Réglement de la Médiation par lequel ce Gouvernement est fixé ; mais loin d’imputer aux Médiateurs d’avoir voulu vous réduire en servitude, je prouverois aisément, au contraire, qu’ils ont rendu votre situation meilleure à plusieurs égards qu’elle n’étoit avant les troubles qui vous forcerent d’accepter leurs bons offices. Ils ont trouvé une Ville en armes ; tout étoit à leur arrivée dans un état de crise & de confusion qui ne leur permettoit pas de tirer de cet état la regle de leur ouvrage. Ils sont remontés aux tems pacifiques, ils ont étudié la constitution primitive de votre Gouvernement : dans les progrès qu’il avoit déjà fait, pour le remonter, il eût fallu le refondre ; la raison, l’équité ne permettoient pas qu’ils vous en donnassent un autre, & vous ne l’auriez pas accepté. N’en pouvant donc ôter les défauts, ils ont borné leurs soins à l’affermir tel que l’avoient laissé vos pères ; ils l’ont corrigé même en divers points, & des abus que je viens de remarquer, il n’y en a pas un qui n’existât dans la République long-tems avant que les Médiateurs en eussent pris connoissance. Le seul tort qu’ils semblent vous avoir fait, a été d’ôter au Législateur tout exercice du pouvoir exécutif & l’usage de la force à l’appui de la justice : mais en vous donnant une ressource aussi sûre & plus légitime, ils ont changé ce mal apparent en un vrai bienfait ; en se rendant garans