Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/299

Cette page n’a pas encore été corrigée

tout y devroit retourner ; puisque nul ne détruit si radicalement le Gouvernement que celui qui en tire un usage directement contraire à la fin pour laquelle il est institué.

Il ne suffit pas que j’affirme, il faut que je prouve ; & c’est ici qu’on voit combien est déplorable le sort d’un particulier soumis à d’injustes magistrats, quand ils n’ont rien à craindre du souverain, & qu’ils se mettent au-dessus des Loix. D’une affirmation sans preuve, ils font une démonstration ; voilà l’innocent puni. Bien plus, de sa défense même ils lui font un nouveau crime ; & il ne tiendroit pas à eux de le punir encore d’avoir prouvé qu’il étoit innocent.

Comment m’y prendre pour montrer qu’ils n’ont pas dit vrai ? pour prouver que je ne détruis point les Gouvernements ? Quelque endroit de mes Ecrits que je défende, ils diront que ce n’est pas celui-là, qu’ils ont condamné, quoiqu’ils aient condamné tout, le bon comme le mauvais, sans nulle distinction. Pour ne leur laisser aucune défaite, il faudroit donc tout reprendre, tout suivre d’un bout à l’autre, Livre à Livre, page à page, ligne à ligne, & presque enfin mot à mot. Il faudroit de plus examiner tous les Gouvernemens du monde, puisqu’ils disent que je les détruis tous. Quelle entreprise ! Que d’années y faudroit-il employer ! Que d’in-folios faudroit-il écrire ! &, après cela, qui les liroit ?

Exigez de moi ce qui est faisable. Tout homme sensé doit se contenter de ce que j’ai à vous dire : vous ne voulez sûrement rien de plus.

De mes deux Livre s, brûlés à la fois sous des imputations