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nous laissent plaisanter ; ne brûlons ni Gens ni Livres, & restons en paix ; c’est mon avis." Voilà, selon moi, ce qu’eût pu dire d’un meilleur ton M. de Voltaire, & ce n’eût pas été là, ce me semble, le plus mauvais conseil qu’il auroit donné.

Faisons impartialement, la comparaison de ces Ouvrages ; jugeons-en par l’impression qu’ils ont faite dans le monde. J’y consens de tout mon cœur. Les uns s’impriment & se débitent par-tout. On soit comment y ont été reçus les autres.

Ces mots, les uns & les autres, sont équivoques. Je ne dirai pas sous lesquels l’Auteur entend mes Ecrits : mais ce que je puis dire, c’est qu’on les imprime dans tous les pays, qu’on les traduit dans toutes les Langues, qu’on a même fait à la fois deux traductions de l’émile, à Londres, honneur que n’eut jamais aucun autre Livre, excepté l’Héloise, au moins que je sache. Je dirai, de plus, qu’en France, en Angleterre, en Allemagne, même en Italie, on me plaint, on m’aime, on voudroit m’accueillir, & qu’il n’y a par-tout qu’un cri d’indignation contre le Conseil de Geneve. Voilà ce que je sais du sort de mes Ecrits ; j’ignore celui des autres.

Il est tems de finir. Vous voyez, Monsieur, que dans cette lettre & dans la précédente, je me suis supposé coupable ; mais dans les trois premieres, j’ai montré que je ne l’étois pas. Or jugez de ce qu’une procédure injuste contre un coupable doit être contre un innocent !

Cependant ces Messieurs, bien déterminés à laisser subsister