dangereux. Si ces personnes se rangent, y est-il dit, qu’on les supporte sans diffame. Pourquoi ? C’est qu’alors on a une sûreté raisonnable qu’elles ne répandront plus cette ivraye, c’est qu’elles ne sont plus à craindre. Mais qu’importe la rétractation vraie ou simulée de celui qui, par la voie de l’impression, a imbu tout le monde de ses opinions ? Le délit est consommé, il subsistera toujours ; & ce délit, aux yeux de la Loi, est de la même espece que tous les autres, où le repentir est in utile des que la justice en a pris connoissance. "
Il y a là de quoi s’émouvoir ; mais calmons-nous & raisonnons. Tant qu’un homme dogmatiser, il fait du mal continuellement ; jusqu’à ce qu’il se soit range cet homme est à craindre ; sa liberté même est un mal, parce qu’il en use pour nuire, pour continuer de dogmatiser. Que s’il se range à la fin, n’importe ; les enseignemens qu’il a donnés sont toujours donnés, & le délit à cet égard est autant consommé qu’il peut l’être. Au contraire, aussitôt qu’un Livre est publié, l’Auteur ne fait plus de mal, c’est le Livre seul qui en fait. Que l’Auteur soit libre ou soit arrêté, le Livre va toujours son train. La détention de l’Auteur peut être un châtiment que la Loi prononce ; mais elle n’est jamais un remede au mal qu’il a fait, ni une précaution pour en arrêter le progrès.
Ainsi les remedes à ces deux maux ne sont pas les mêmes. Pour tarir la source du mal que fait le Dogmatiseur, il n’y a nul moyen prompt & sûr que de l’arrêter : mais arrêter l’Auteur, c’est ne remédier à rien du tout ; c’est, au contraire