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avec le plus de force, puisque je n’ai cessé d’insister sur

l ’autorité de la raison en matiere de foi, sur la libre interprétation des Ecritures, sur la tolérance évangélique, & sur l’obéissance aux Loix, même en matiere de culte ; tous dogmes distinctifs & radicaux de l’Eglise Réformée, & sans lesquels, loin d’être solidement établie, elle ne pourroit pas même exister ?

Il y a plus : voyez quelle force la forme même de l’Ouvrage ajoute aux argumens en faveur des Réformés. C’est un Prêtre Catholique qui parle, & ce Prêtre n’est ni un impie ni un libertin : c’est un homme croyant & pieux, plein de candeur, de droiture ; &, malgré ses difficultés, ses objections, ses doutes, nourrissant au fond de son cœur le plus vrai respect pour le culte qu’il professe : un homme qui, dans les épanchemens les plus intimes, déclare qu’appellé dans ce culte au service de l’Eglise, il y remplit avec toute l’exactitude possible les soins qui lui sont prescrits ; que sa conscience lui reprocheroit d’y manquer volontairement dans la moindre chose ; que dans le mystere qui choque le plus sa raison, il se recueille au moment de la consécration, pour la faire avec toutes les dispositions qu’exigent l’Eglise & la grandeur du Sacrement ; qu’il prononce avec respect les mots sacramentaux, qu’il donne à leur effet toute la foi qui dépend de lui ; & que, quoi qu’il en soit de ce Mystere inconcevable, il ne craint pas qu’au jour du jugement il soit puni pour l’avoir jamais profané dans son cœur. *

[* Emile, Tome III. pag. 185 & 186. ]