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Vicaire ; l’autre, que cette conduite seroit non-seulement irréprochable, mais vraiment Chrétienne, & qu’on auroit tort de refuser à ces hommes bons & pieux le nom de Chrétiens, puisqu’ils le mériteroient parfaitement leur conduite, & qu’ils seroient moins opposés, par leurs sentimens, à beaucoup de Sectes qui le prennent, & à qui on ne le dispute pas, que plusieurs de ces mêmes Sectes ne sont opposées entre elles. Ce ne seroient pas, si l’on veut, des Chrétiens à la mode de saint Paul, qui étoit naturellement persécuteur, & qui n’avoit pas entendu Jésus-Christ lui-même ; mais ce seroient des Chrétiens à la mode de saint Jaques, choisis par le Maître en personne, & qui avoit reçu de sa propre bouche les instructions qu’il nous transmet. Tout ce raisonnement est bien simple, mais il me paroît concluant.

Vous me demanderez peut-être comment on peut accorder cette doctrine avec celle d’un homme qui dit que l’Evangile est absurde & pernicieux à la société ? En avouant franchement que cet accord me paroît difficile, je vous demanderai à mon tour où est cet homme qui dit que l’Evangile est absurde & pernicieux. Vos Messieurs m’accusent de l’avoir dit ; & où ? Dans le Contrat Social, au Chapitre de la Religion civile. voici qui est singulier ! Dans ce même Livre, & dans ce même Chapitre, je pense avoir dit précisément le contraire : je pense avoir dit que l’Evangile est sublime, & le plus fort lieu de la société. *

[*Contrat social, L. IV. Chap. 8. pag. 310, 311, de l’édition in-8°. ] Je ne veux pas taxer ces Messieurs de mensonge ; mais avouez que deux propositions si