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de foi, la première étant la plus étendue & la seule où l’on ait trouvé le corps du délit, doit être examinée par préférence.

Cet examen, pour aller à son but, rend encore un éclaircissement nécessaire. Car remarquez bien qu’éclaircir & distinguer les propositions que brouillent & confondent mes accusateurs, c’est leur répondre. Comme ils disputent contre l’évidence, quand la question est bien posée, ils sont réfutés.

Je distingue dans la Religion deux parties, outre la forme du culte, qui n’est qu’un cérémonial. Ces deux parties sont le dogme & la morale. Je devise les dogmes encore en deux parties : savoir, celle qui, posant les principes de nos devoirs, sert de base a la morale ; & celle qui, purement de foi, ne contient que des dogmes spéculatifs.

De cette division, qui me paroît exacte, résulte celle des sentimens sur la Religion, d’une part en vrais, faux ou douteux ; & de l’autre, en bons, mauvais ou indifférens.

Le jugement des premiers appartient à la raison seule, & si les Théologiens s’en sont emparés, c’est comme raisonneurs, c’est comme professeurs de la science par laquelle on parvient à la connoissance du vrai & du faux en matière de foi. Si l’erreur en cette partie est nuisible, c’est seulement à ceux qui errent, & c’est seulement un préjudice pour la vie à venir, sur laquelle les tribunaux humains ne peuvent étendre leur compétence. Lorsqu’ils connoissent de cette matière, ce n’est plus comme juges du vrai & du faux, mais comme ministres des Loix civiles qui reglent la forme extérieure du culte : il ne s’agit pas encore ici de cette partie ; il en sera traité ci-après.