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produise-le mouvement cela est incompréhensible & sans exemple. La volonté m’est connue par ses actes, non par sa nature. je connois cette volonté comme cause motrice ; mois concevoir la matière productrice du mouvement, c’est clairement concevoir un effet sans cause, c’est ne concevoir absolument rien.

Il ne m’est pas plus possible de concevoir comment ma volonté meut mon corps, que comment mes sensations affectent mon âme. Je ne sais pas même pourquoi l’un de ces mystères a paru plus explicable que l’autre. Quant à moi, soit quand je suis passif, soit quand je suis actif, le moyen d’union des deux substances me paraît absolument incompréhensible. Il est bien étrange qu’on parte de cette incompréhensibilité même pour confondre les deux substances, comme si des opérations de natures si différentes s’expliquoient mieux dans un seul sujet que dans deux.

Le dogme que je viens d’établir est obscur, il est vrai ; mais enfin il offre un sens, et il n’a rien qui répugne à la raison ni à l’observation : en peut-on dire autant matérialisme ? N’est-il pas clair que si le mouvement étoit essentiel à la matière, if en seroit inséparable, il y seroit toujours en même degré, toujours le même dans chaque portion de matière, il seroit incommunicable, il ne pourroit ni augmenter ni diminuer, & l’on ne pourroit pas même concevoir la matière en repos ? Quand on me dit que le mouvement lui est pas essentiel, mais nécessaire, on veut me donner change par des mots qui seroient plus aisés à réfuter s’ils avoient un peu plus de sens. Car ou le mouvement de