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lui expose les loix de la Nature dans toute leur vérité ; qu’on lui montre la sanction de ces mêmes loix dans les maux physiques et moraux qu’attire leur infraction sur les coupables ; qu’en lui parlant de cet inconcevable mystère de la génération, l’on joigne à l’idée de l’attrait que l’Auteur de la Nature donne à cet acte, celle de l’attachement exclusif qui le rend délicieux, celle des devoirs de fidélité, de pudeur qui l’environnent, & qui redoublent son charme en remplissant son objet ; qu’en lui peignant le mariage, non-seulement comme la plus douce des sociétés, mais comme le plus inviolable & le plus saint de tous les contrats, on lui dise avec force toutes les raisons qui rendent un nœud si sacré respectable à tous les hommes, & qui couvrent de haine & de malédictions quiconque ose en souiller la pureté ; qu’on lui fasse un tableau frappant & vrai des horreurs de la débauche, de son stupide abrutissement, de la pente insensible par laquelle un premier désordre conduit à tous, & traîne enfin celui qui s’y livre, à sa perte ; si, dis-je, on lui montre avec évidence comment, au goût de la chasteté, tiennent la santé, la force, le courage, les vertus, l’amour même, & tous les vrais biens de l’homme ; je soutiens qu’alors on lui rendra cette même chasteté désirable & chére, & qu’on trouvera son esprit docile aux moyens qu’on lui donnera pour la conserver : car tant qu’on la conserve, on la respecte ; on ne la méprise qu’après l’avoir perdue.

Il n’est point vrai que le penchant au mal soit indomptable, & qu’on ne soit pas maître de le vaincre avant d’avoir pris l’habitude d’y succomber. Aurélius Victor dit que plu-