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du sommet de cet angle, non pas un arc, mais un cercle entier ; car avec les enfans il ne faut jamais rien sous-entendre. Je trouve que la portion du cercle, comprise entre les deux côtés de l’angle, est la sixieme partie du cercle. Après cela je décris du même sommet un autre plus grand cercle, & je trouve que ce second arc est encore la sixieme partie de son cercle, je décris un troisieme cercle concentrique sur lequel je fais la même épreuve, & je la continue sur de nouveaux cercles, jusqu’à ce qu’Émile, choqué de ma stupidité, m’avertisse que chaque arc grand ou petit compris par le même angle sera toujours la sixieme partie de son cercle, &c. Nous voilà tout-à-l’heure à l’usage du rapporteur.

Pour prouver que les angles de suite sont égaux à deux droits, on décrit un cercle ; moi, tout au contraire, je fais en sorte qu’Émile remarque cela ; premierement dans le cercle, & puis je lui dis ; si l’on ôtoit le cercle, & qu’on laissât les lignes droites, les angles auroient-ils changé de grandeur, &c.

On néglige la justesse des figures, on la suppose, & l’on s’attache à la démonstration. Entre nous, au contraire, il ne sera jamais question de démonstration. Notre plus importante affaire sera de tirer des lignes bien droites, bien justes, bien égales ; de faire un quarré bien parfait, de tracer un cercle bien rond. Pour vérifier la justesse de la figure, nous l’examinerons par toutes ses propriétés sensibles ; & cela nous donnera occasion d’en découvrir chaque jour de nouvelles. Nous plierons par le diametre les deux demi-cercles, par la diagonale les deux moitiés du quarré : nous comparerons nos deux