Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t4.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Émile.

” Monsieur Robert, il y a donc souvent de la graine de melon perdue ?

Robert.

” Pardonnez-moi, mon jeune cadet ; car il ne nous vient pas souvent de petits Messieurs aussi étourdis que vous. Personne ne touche au jardin de son voisin ; chacun respecte le travail des autres, afin que le sien soit en sûreté.

Émile.

” Mais moi je n’ai point de jardin.

Robert.

” Que m’importe ? si vous gâtez le mien, je ne vous y laisserai plus promener ; car, voyez-vous, je ne veux pas perdre ma peine.

Jean-Jaques.

” Ne pourroit-on pas proposer un arrangement au bon Robert ? Qu’il nous accorde, à mon petit ami & à moi, un coin de son jardin pour le cultiver, à condition qu’il aura la moitié du produit.

Robert.

” Je vous l’accorde sans condition. Mais souvenez-vous que j’irai labourer vos fêves, si vous touchez à mes melons.