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suis efforcé de sonder mon cœur ; mais l’agitation de la journée précédente s’y prolonge encore & il m’est impossible de juger si tôt de mon véritable état. Tout ce que je sais tres certainement, c’est que si mes sentimens pour elle n’ont pas changé d’espece, ils ont au moins bien changé de forme ; que j’aspire toujours à voir un tiers entre nous & que je crains autant le tête-à-tête que je le désirois autrefois.

Je compte aller dans deux ou trois jours à Lausanne. Je n’ai vu Julie encore qu’à demi quand je n’ai pas vu sa cousine, cette aimable & chére amie à qui je dois tant, qui partagera sans cesse avec vous mon amitié, mes soins, ma reconnaissance & tous les sentimens dont mon cœur est resté le maître. À mon retour, je ne tarderai pas à vous en dire davantage. J’ai besoin de vos avis & je veux m’observer de près. Je sais mon devoir & le remplirai. Quelque doux qu’il me soit d’habiter cette maison, je l’ai résolu, je le jure : si je m’aperçois jamais que je m’y plais trop, j’en sortirai dans l’instant.