La petite cousine est, depuis huit ou dix jours, à Geneve avec sa famille pour des emplettes & d’autres affaires. Nous l’attendons de retour de jour en jour. J’ai dit à ma femme de votre lettre tout ce qu’elle en devoit savoir. Nous avons appris par M. Miol que le mariage étoit rompu ; mais elle ignoroit la part qu’avoit Saint-Preux à cet événement. Soyez sûr qu’elle n’apprendra jamais qu’avec la plus vive joie tout ce qu’il fera pour mériter vos bienfaits & justifier votre estime. Je lui ai montré les dessins de votre pavillon ; elle les trouve de tres bon goût ; nous y ferons pourtant quelques changemens que le local exige & qui rendront votre logement plus commode : vous les approuverez sûrement. Nous attendons l’avis de Claire avant d’y toucher ; car vous savez qu’on ne peut rien faire sans elle. En attendant, j’ai déjà mis du monde en œuvre, & j’espere qu’avant hier la maçonnerie sera fort avancée.
Je vous remercie de vos livres : mais je ne lis plus ceux que j’entends & il est trop tard pour apprendre à lire ceux que je n’entends pas. Je suis pourtant moins ignorant que vous ne m’accusez de l’être. Le vrai livre de la nature est pour moi le cœur des hommes & la preuve que j’y sais lire est dans mon amitié pour vous.