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soucie plus de rien. Je le laisse, à la priere de Saint-Preux qui se propose d’exercer dans ce salon vos enfans. Vous recevrez aussi quelques livres pour l’augmentation de votre bibliotheque. Mais que trouverez-vous de nouveau dans des livres ? Ô Wolmar ! il ne vous manque que d’apprendre à lire dans celui de la nature pour être le plus sage des mortels.

LETTRE IV. DE M. WOLMAR À MILORD EDOUARD.

Je me suis attendu, cher Bomston, au dénouement de vos longues aventures. Il eût paru bien étrange qu’ayant résisté si long-tems à vos penchants, vous eussiez attendu, pour vous laisser vaincre, qu’un ami vînt vous soutenir, quoiqu’à vrai dire on soit souvent plus foible en s’appuyant sur un autre que quand on ne compte que sur soi. J’avoue pourtant que je fus alarmé de votre derniere lettre, où vous m’annonciez votre mariage avec Laure comme une affaire absolument décidée. Je doutai de l’événement malgré votre assurance ; & si mon attente eût été trompée, de mes jours je n’aurais revu Saint-Preux. Vous avez fait tous deux ce que j’avais espéré de l’un & de l’autre ; & vous avez trop bien justifié le jugement que j’avais porté de vous, pour que je ne sois pas charmé de vous voir reprendre nos premiers arrangements. Venez, hommes rares, augmenter &