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en verriez bientôt les oiseaux disparaître ; & s’ils y sont à présent en grand nombre, c’est qu’il y en a toujours eu. On ne les fait pas venir quand il n’y en a point ; mais il est aisé, quand il y en a, d’en attirer davantage en prévenant tous leurs besoins, en ne les effrayant jamais, en leur faisant faire leur couvée en sûreté & ne dénichant point les petits ; car alors ceux qui s’y trouvent restent & ceux qui surviennent restent encore. Ce bocage existait, quoiqu’il fût séparé du verger ; Julie n’a fait que l’y enfermer par une haie vive, ôter celle qui l’en séparait, l’agrandir & l’orner de nouveaux plants. Vous voyez, à droite & à gauche de l’allée qui y conduit, deux espaces remplis d’un mélange confus d’herbes, de pailles & de toutes sortes de plantes. Elle y fait semer chaque année du blé, du mil, du tournesol, du chenevis, des pesettes [1], généralement de tous les grains que les oiseaux aiment & l’on n’en moissonne rien. Outre cela, presque tous les jours, été & hiver, elle ou moi leur apportons à manger & quand nous y manquons, la Fanchon y supplée d’ordinaire. Ils ont l’eau à quatre pas, comme vous le voyez. Madame de Wolmar pousse l’attention jusqu’à les pourvoir tous les printemps de petits tas de crin, de paille, de laine, de mousse & d’autres matieres proprès à faire des nids. Avec le voisinage des matériaux, l’abondance des vivres & le grand soin qu’on prend d’écarter tous les ennemis [2], l’éternelle tranquillité dont ils jouissent les porte à pondre en un lieu commode où rien

  1. De la vesce.
  2. Les lois, les souris, les chouettes & sur-tout les enfans.