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que la mienne seroient une espece d’infidélité d’autant plus dangereuse que mon portrait seroit mieux que moi ; & je neveux point, comme que ce soit, que tu prennes du goût pour des charmes que je n’ai pas. Au reste, il n’a pas dépendu de moi d’être un peu plus soigneusement vêtue ; mais on ne m’a pas écoutée & mon pere lui-même a voulu que le portrait demeurât tel qu’il est. Je te prie au moins de croire qu’excepté la coiffure, cet ajustement n’a point été pris sur le mien, que le peintre a tout fait de sa grace & qu’il a orné ma personne des ouvrages de son imagination.

LETTRE XXV. À JULIE.

Il faut, chère Julie, que je te parle encore de ton portrait ; non plus dans ce premier enchantement auquel tu fus si sensible, mais au contraire avec le regret d’un homme abusé par un faux espoir & que rien ne peut dédommager de ce qu’il a perdu. Ton portrait a de la grâce & de la beauté, même de la tienne ; il est assez ressemblant & peint par un habile homme ; mais pour en être content, il faudroit ne te pas connaître.

La premiere chose que je lui reproche est de te ressembler, & de n’être pas toi, d’avoir ta figure & d’être insensible. Vainement le peintre a cru rendre exactement tes