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l’être. J’avoue encore, & cette différence ne m’a pas échappé, que ces filles deviennent des femmes de mérite, & ce jeune homme un meilleur observateur. Je ne fais point de comparaison entre le commencement & la fin de l’ouvrage. Les détails de la vie domestique effacent les fautes du premier âge : la chaste épouse, la femme sensée, la digne mere de famille font oublier la coupable amante. Mais cela in même est un sujet de critique : la fin du recueil rend le commencement d’autant plus répréhensible ; on dirait que ce sont deux Livres différens que les mêmes personnes ne doivent pas lire. Ayant à montrer des gens raisonnables, pourquoi les prendre avant qu’ils le soient devenus ? Les jeux d’enfans qui précedent les leçons de la sagesse empêchent de les attendre : le mal scandalise avant que le bien puisse édifier ; enfin le Lecteur indigné se rebute & quitte le Livre au moment d’en tirer du profit.

R. Je pense, au contraire, que la fin de ce Recueil seroit superflue aux Lecteurs rebutés du commencement, & que ce même commencement doit être agréable à ceux pour qui la fin peut