dans le pays où vous êtes je ne m’en consolerois jamais. Revenez donc, mon bon ami, dans mon voisinage. Il n’est pas tems encore de rentrer à Vevai, mais je veux que vous habitiez un séjour moins rude, & que nous soyons plus à portée d’avoir aisément des nouvelles l’un de l’autre. Je vous laisse le maître du choix de votre station. Tâchez seulement qu’on ne sache point ici où vous êtes, & soyez discret sans être mystérieux. Je ne vous dis rien sur ce chapitre ; je me fie à l’intérêt que vous avez d’être prudent, & plus encore à celui que j’ai que vous le soyez.
Adieu, mon ami ; je ne puis m’entretenir plus long-tems avec vous. Vous savez de quelles précautions j’ai besoin pour vous écrire. Ce n’est pas tout : mon pere a amené un étranger respectable, son ancien ami, & qui lui a sauvé autrefois la vie à la guerre. Jugez si nous nous sommes efforcés de le bien recevoir. Il repart demain, & nous nous hâtons de lui procurer pour le jour qui nous reste, tous les amusemens qui peuvent marquer notre zele à un tel bienfaiteur. On m’appelle : il faut finir. Adieu, derechef.