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qu’on le faisoit courir sous le nom de la Sorbonne pour se moquer d’elle ; je le crus bien plus encore après l’avoir lu. Enfin, quand je ne pus plus douter de son authenticité, tout ce que je me réduisis à croire, fut qu’il falloit mettre la Sorbonne aux petites maisons.

Un autre écrit m’affecta davantage, parce qu’il venoit d’un homme pour qui j’eus toujours de l’estime, & dont j’admirois la constance en plaignant son aveuglement. Je parle du Mandement de l’Archevêque de Paris contre moi. Je crus que je me devois d’y répondre. Je le pouvois sans m’avilir ; c’étoit un cas à peu près semblable à celui du Roi de Pologne. Je n’ai jamais aimé les disputes brutales à la Voltaire. Je ne sais me battre qu’avec dignité, & je veux que celui qui m’attaque ne déshonore pas mes coups, pour que je daigne me défendre. Je ne doutois point que ce Mandement ne fût de la façon des Jésuites, & quoiqu’ils fussent alors malheureux eux-mêmes, j’y reconnoissois toujours leur ancienne maxime, d’écraser les malheureux. Je pouvois donc aussi suivre mon ancienne maxime, d’honorer l’auteur titulaire, & de foudroyer l’ouvrage, & c’est ce que je crois avoir fait avec assez de succès.

Je trouvai le séjour de Motiers fort agréable ; & pour me déterminer à y finir mes jours, il ne me manquoit qu’une subsistance assurée : mais on y vit assez chèrement, & j’avois vu renverser tous mes anciens projets par la dissolution de mon ménage, par l’établissement d’un nouveau, par la vente ou dissipation de tous mes meubles, & par les dépenses qu’il m’avoit fallu faire depuis mon départ de Montmorenci.