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que nous nous donnons encore, ne cesseront point, je l’espère, de lui être aussi chers qu’à moi. Pour rendre mes lacets bons à quelque chose, j’en faisois présent à mes jeunes amies à leur mariage, à condition qu’elles nourriroient leurs enfans. Sa sœur aînée en eut un à ce titre, & l’a mérité ; Isabelle en eut un de même, & ne l’a pas moins mérité par l’intention ; mais elle n’a pas eu le bonheur de pouvoir faire sa volonté. En leur envoyant ces lacets, j’écrivis à l’une, & à l’autre des lettres, dont la premiere a couru le monde ; mais tant d’éclat n’alloit pas à la seconde : l’amitié ne marche pas avec si grand bruit.

Parmi les liaisons que je fis à mon voisinage, & dans le détail desquelles je n’entrerai pas, je dois noter celle du colonel Pury, qui avoit une maison sur la montagne, où il venoit passer les étés. Je n’étois pas empressé de sa connoissance, parce que je savois qu’il étoit très mal à la Cour, & auprès de milord maréchal, qu’il ne voyoit point. Cependant, comme il vint me voir, & me fit beaucoup d’honnêtetés, il fallut l’aller voir à mon tour ; cela continua ; & nous mangions quelquefois l’un chez l’autre. Je fis chez lui connoissance avec M. D. P[eyro]u, & ensuite une amitié trop intime, pour que je puisse me dispenser de parler de lui.

M. D. P[eyro]u étoit américain, fils d’un commandant de Surinam, dont le successeur, M. le Chambrier, de Neuchâtel, épousa la veuve. Devenue veuve une seconde fois, elle vint avec son fils s’établir dans le pays de son second mari.

D. P

[eyro] u, fils unique, fort riche, & tendrement aimé