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LETTRE À Mr. LALIAUD.

À Monquin le 27 Août 1769.

Un voyage de botanique, Monsieur, que j’ai fait au mont Pilat presque en arrivant ici, m’a privé du plaisir de vous répondre aussitôt que je l’aurois dû. Ce voyage a été désastreux, toujours de la pluie ; j’ai trouvé peu de plantes, & j’ai perdu mon chien blessé par un autre, & fugitif ; je le croyois mort dans les bois de sa blessure, quand à mon retour je l’ai trouvé ici bien portant, sans que je puisse imaginer comment il a pu faire douze lieues, & repasser le Rhône dans l’état où il étoit. Vous avez, Monsieur, la douceur de revoir vos penates, & de vivre au milieu de vos amis. Je prendrois part à ce bonheur, en vous en voyant jouir, mais je doute que le ciel me destine à ce partage. J’ai trouvé Madame Renou en assez bonne santé ; elle vous remercie de votre souvenir, & vous salue de tout son cœur. J’en fais de même, étant forcé d’être bref, à cause du soin que demandent quelques plantes que j’ai rapportées & quelques graines que je destinois à Madame de Portland, le tout étant arrivé ici à demi pourri par la pluie. Je voudrois du moins en sauver quelque chose pour n’avoir pas perdu tout-à-fait mon voyage, & la peine que j’ai prise à les recueillir. Adieu, mon cher Monsieur Laliaud, conservez-vous, & vivez content.