mon égard. On verra bientôt que cette incertitude ne dura pas long-temps.
Madame de B.......s désapprouva beaucoup cette résolution, & fit de nouveaux efforts pour m’engager à passer en Angleterre. Elle ne m’ébranla pas. Je n’ai jamais aimé l’Angleterre ni les Anglois, & toute l’éloquence de Mde. de B.......s, loin de vaincre ma répugnance, sembloit l’augmenter, sans que je susse pourquoi. Décidé à partir le même jour, je fus dès le matin parti pour tout le monde, & la Roche, par qui j’envoyai chercher mes papiers, ne voulut pas dire à Thérèse elle-même si je l’étois ou ne l’étois pas. Depuis que j’avois résolu d’écrire un jour mes mémoires, j’avois accumulé beaucoup de lettres & autres papiers, de sorte qu’il fallut plusieurs voyages. Une partie de ces papiers déjà triés, furent mis à part, & je m’occupai le reste de la matinée à trier les autres, afin de n’emporter que ce qui pouvoit m’être utile, & brûler le reste. M. de Luxembourg voulut bien m’aider à ce travail, qui se trouva si long que nous ne pûmes achever dans la matinée, & je n’eus le tems de rien brûler. M. le Maréchal m’offrit de se charger du reste du triage, de brûler le rebut lui-même, sans s’en rapporter à qui que ce fût, de m’envoyer tout ce qui auroit été mis à part. J’acceptai l’offre, fort aise d’être délivré de ce soin, pour pouvoir passer le peu d’heures qui me restoient avec des personnes si chères, que j’allois quitter pour jamais. Il prit la clef de la chambre où je laissois ces papiers, & à mon instante prière il envoya chercher ma pauvre tante qui se consumoit dans la perplexité mortelle de ce que j’étois